Les thés noirs ont été inventés par mégarde en Chine au XVIIème dans une vallée des Monts WuYi, la vallée de Tong Mu Guan.
Un printemps, lors du passage d’une troupe de mercenaires, les paysans prirent peur et se réfugièrent dans les montagnes laissant leurs récoltes du jour derrière eux. A leur retour, ils trouvèrent leurs feuilles souillées et oxydées. Afin de ne pas perdre la récolte, ils décidèrent de fumer au bois d'épicéa ces feuilles et les vendirent au rabais à des marchands européens. Les européens apprécièrent ce nouveau thé et en redemandèrent. Ainsi était né le thé nommé Laap Sang Su Chong en Cantonais. Lapsang Souchong qui devint bientôt une référence mondiale et ouvrit la voie aux grands thés noirs et aux thés fumés.
Les Lapsang Souchong sont rapidement produits un peu partout en Chine. Afin de rappeler l'origine de ce thé, les Chinois du Fujian décidèrent de renommer leur thé ZhengShan XiaoZhong: thé aux petites feuilles de la montagne originelle (c'est-à-dire de la zone originelle de production).
Depuis le XVIIème siècle, les paysans de TongMuGuan ont été à la pointe de l'innovation en terme de thé noir. C'est chez eux que se sont formés les producteurs qui exportèrent dans toute la Chine la production de thé noir de qualité, comme par exemple les Qimen. C'est aussi eux qui, il y a une vingtaine d'années réinventèrent le XiaoZhong. Il est aujourd'hui d'ailleurs de plus en plus rare de trouver des versions fumés de ce thé. Les producteurs de WuYiShan préfèrent produire des thés plus qualitatifs - et donc plus rentable pour des petits producteurs - que ceux proposés sur le marché en tant que thé fumé. Ainsi pendant des décennies il y avait huit maisons de fumage dans la vallée de TongMu, aujourd'hui plus qu'une seule est en activité, et encore pas forcément chaque année...
Les thés fumés provenant de Chine sont aujourd'hui essentiellement des thés de plaines destinés à l'export et même pour ces productions de masse, le marché chinois étant dorénavant plus intéressant et largement promu par le gouvernement, on trouve désormais de moins en moins de thé chinois fumé.
Aujourd'hui la consommation de thé noir est en plein essor en Chine, que ce soit dans l'industrie du sachet pour des thés "à l'Occidental" qu'au niveau des thés de qualité et des productions traditionnelles. La Chine est aujourd'hui importateur net de thé noir. C'est le seul thé pour lequel elle importe plus de la moitié de sa consommation, et pour le gouvernement central, cette dépendance à des productions étrangères pose problème. Il incite donc les grands producteurs à produire du thé noir dédié au marché chinois.
La tradition des thés fumés en Chine est entrain de se perdre, au même titre que certains thés verts comme le gunpowder aujourd'hui presque disparu...
Laissez un commentaire